lundi 13 octobre 2014

Périple dans le parc national du Saguenay

Après avoir vécu de folles aventures en compagnie de mon bro dans les arides plaines boisées (?) de la campagne québecoise et profonde à Tadoussac, après ne pas avoir contemplé la beauté de la région de Charlevoix faute de temps et de mauvais temps, je me suis mis en tête de retourner faire une petite visite des environs de la baie de Saguenay. Mon frère étant rentré en France, ce sera donc une randonnée en solo. Et en tente. L'automne est bien avancé, les paysages colorés devraient être au rendez-vous.
Je profite donc du week-end prolongé du 11 octobre (pour cause de Jour de l'Action de Grâce - plus communément appelé Thanksgiving) pour m'évader derechef. Il parait que les nuits sont froides en cette saison, mais j'ai pris un slip en laine, tout ira bien.

Jour 1


Contrairement à la fois précédente, je décide de faire un trajet en boucle, passant par la réserve faunique des Laurentides à l'aller, pour revenir par la fameuse route 138 et Charlevoix. La destination n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres de Tadoussac, il s'agit d'un camping situé dans la baie de la rivière Éternité (ça en jette, je sais), elle-même située dans le parc national du Saguenay. Comme tous les parcs nationaux du Québec, la journée est payante et le tout est (pas mal) réglementé.

Le trajet donnait grosso-modo ceci (avec des noms complètement au pif)

Je pars donc le samedi matin directement par autoroute jusqu'à Québec. Premier constat, il fait super beau, ça change de la précédente expédition. Je profite d'arriver à Québec vers midi pour goûter une spécialité locale : la poutine de chez Ashton (une chaîne de fast-food spécifique aux environs de la ville).
La photo provient du blog The Waffle
Verdict : C'est de la poutine, mais c'est bon quand même. Et puis il fait beau, on va pas être tatillon.

Je continue mon exploration du pays en passant par la réserve faunique des Laurentides et en suivant la route 175 qui la tranche de bas en haut. Les paysages quelques peu montagneux aux couleurs de l'automne sont vraiment jolis et je passe bien entendu à côté d'une bonne centaine de lacs. Je quitte la route principale toutes les 10 minutes pour visiter rapidement les environs et prendre quelques photos.



J'arrive aux alentours de la ville de Saguenay vers 17h et le soir tombe déjà. Je fais rapidement quelques autres photos mais je ne perds pas plus de temps, je dois arriver au camping et monter ma tente avant qu'il ne fasse complètement noir et j'ai encore quelques kilomètres.


La route qui relie Saguenay au parc national est complètement déserte. Je ne croise personne ni sur la route ni aux alentours. J'espère qu'il y aura au moins quelqu'un dans le camping.

Le plan que je me suis fixé est le suivant :

  • Le dimanche 12, je me lève aux aurores pour partir randonner sur un sentier à l'est de la baie : une excursion aller/retour de 18km en 9h jusqu'au Cap Éternité. Je prévois cependant de m'arrêter à mi-chemin au Point de vue du Géant si j'estime ne pas avoir le temps - ou le courage.
  • Le lundi 13, petite randonnée de "seulement" 7km en 3h de l'autre côté de la baie Éternité, jusqu'à la statue qui surplombe le fjord, puis on remballe et retour à Montréal dans l'après-midi (y'a quand même un paquet d'heures de trajet retour)
La photo provient du site Les Marcheurs.
Le cap Eternité se situe à peu près au niveau de l'agrafe.
Première anicroche, j'arrive au camping vers 18h alors qu'il fait nuit noire, et à peine 5°C. Personne n'est là pour m'accueillir et le camping est quasiment désert. Comme nous sommes dans le parc national, il n'y a aucune habitation à proximité, c'est vraiment paumé dans la nature. Le camp n'est pas éclaire et je trouve tant bien que mal mon emplacement, perdu au milieu des arbres. J'ai bien un accès à l'eau courante et l'électricité sur mon emplacement, mais je m'en moque pas mal, je n'ai aucun équipement pour.
Je monte ma tente à la lueur des phares de voiture et d'une lampe de poche (enfin, je "monte", disons plutôt je lance ma tente dépliable d'un geste ridicule et je m'évertue à planter le sardines dans la caillasse). Il caille vraiment, la température continue de descendre, et comme tout est fermé, je n'ai pas de bois pour faire du feu. Il m'étonnerait que je passe une bonne nuit, mais au moins c'est calme.
Une fois la tente montée, je décide d'aller me réchauffer un peu en explorant les environs à la lampe de poche. Pas grand chose à voir, si ce n'est un ciel superbement étoilé.


Je fais quelques photos, puis je décide d'aller me coucher avant de mourir de froid.

Comme supposé, je passe une mauvaise nuit, j'ai pas mal sous-estimé le froid dans la tente et même si ça reste supportable, ce n'est vraiment pas agréable, c'est donc tout naturellement que je me retrouve debout dès le lever du jour.

Jour 2


Première journée de rando. Le temps n'est pas au beau fixe, des nuages bas ont décidé de se pointer durant la nuit, et il caille toujours autant. Je prends un petit-déjeuner à base de céréales cloîtré dans les lavabos du camp, seul endroit où je peux trouver un peu de chaleur (et bordel ça fait du bien) et je me mets en route.
Le départ du sentier n'est qu'à 5 minutes en voiture, je la laisse au stationnement et me voilà parti. Un panneau à l'entrée m'indique que le sentier d'été est désormais fermé, remplacé par celui d'hiver. "Ok lol c'est parfait" me dis-je confiant. Il est un peu plus de 07h et me voilà parti en suivant les petites balises accrochées aux arbres.
La première heure est plutôt peinarde, le terrain est encore boueux de la rosée mais c'est plat et le sentier longe l'embouchure de la rivière. La seule appréhension qui m'habite est de tomber sur un animal sauvage, ours noirs et loups fréquentent les lieux, et même s'ils sont rares et ont tendance à fuir la présence humaine, je ne suis pas spécialement rassuré. Enfin bon, pour l'instant les seuls animaux que je croise sont oiseaux et écureuils.



Et soudain, un ou deux kilomètres plus loin, arrivé précisément à cette petite cascade mignonne...


Paf! Seconde anicroche du voyage.

Cet endroit peut sembler féerique, mais ce qui va arriver est incroyable !


En effet, à partir d'ici, ça commence à grimper. Je continue à suivre les balises, mais le chemin devient de plus en plus étrange. Le sentier se transforme et disparaît peu à peu dans la boue et le lit d'un ruisseau. Ça devient vaiment sport, je m'enlise dans la vase jusqu'au mollet, je dois passer sous des troncs renversés, ou sauter de rocher en rocher. Pourtant les balises continuent de s'enfoncer dans le bois.


Finalement au bout d'une demi-heure dans la mélasse et le brouillard qui vient de tomber, le doute se fait insistant. Je suis toujours les balises, mais y'a pas, je m'écarte de ma destination. Et c'est pas bien. Un kilomètre plus loin, un panneau m'indique que le Point de vue du Géant se trouve à 4km... derrière moi. J'ai donc bel et bien raté la sortie et ça fait 30 minutes que j'évolue en hors-piste comme un débile. Demi-tour. Je repasse par la bouillasse, par les troncs d'arbre et compagnie, avec tout mon équipement photo (car j'ai cru bon de trimballer mon trépied en plus), c'est pénible. Je reviens presque jusqu'à la cascade et je refais demi-tour, c'est pas possible, ce foutu embranchement doit bien être quelque part ! Il doit se passer environ une heure d'allers-retours idiots dans la gadoue, je commence à en avoir ras-le-bol et décide finalement de rentrer. Mais en revenant à la cascade, révélation ! L'embranchement était là, le misérable foutriquet. Et le putain de chemin balisé que je suis aveuglément indique en réalité le sentier d'hiver, accessible uniquement en raquettes ou skis de fond quand la neige à tout recouvert...
Bref, me revoilà sur les rails. L'ascension jusqu'au Point de vue du Géant est bien plus aisée. Je m'arrête une fois en haut pour casser la croûte, il est bientôt midi. J'ai malheureusement perdu beaucoup de temps dans la forêt et je dois me rendre à l'évidence, je ne pourrai pas atteindre le cap Éternité et revenir avant que la nuit ne soit tombée. Heureusement, la vue est vraiment superbe et le temps s'est dégagé.


On voit ici l'anse de la rivière Éternité qui donne sur la rivière Saguenay, elle-même se déversant dans le Saint-Laurent (qui est loiiiin derrière sur la photo). Le camping doit se trouver dans la vallée un peu plus loin. En face, c'est le cap Trinité. J'avais prévu d'y grimper le lendemain, mais je change mes plans. Comme je n'arriverai pas à atteindre le cap Éternité aujourd'hui, je m'arrête ici et je redescends jusqu'au parking et je décide d'enchaîner directement l'ascension du cap Trinité. Si je ne perds pas plus de temps, je pourrai y arriver et en redescendre avant qu'il fasse totalement noir.
Le retour jusqu'à à la voiture est bien plus facile et rapide, j'en profite pour photographier encore un peu les couleurs de l'automne.




Direction le point de départ du second sentier, à peine à un kilomètre de l'autre. Je gare la voiture, je souffle un peu et c'est reparti.

Ce second sentier est bien plus court, mais également plus difficile, il s'agit ni plus ni moins que d'une unique montée, partagée entre marches et rochers. Je grimpe assez lentement, m'arrêtant encore une fois pour photographier le paysage.



Après une heure et demie de grimpette, j'arrive à la fameuse statue qui domine le fjord du Saguenay, et la vue est encore une fois magnifique, surtout avec le soleil couchant.

D'un côté, en amont de la rivière Saguenay...


Et de l'autre, en aval, vers le Saint-Laurent (qui se trouve bien plus loin) et Tadoussac. L'à-pic sur la droite est le cap Éternité, où j'avais prévu de me rendre à l'origine.


Et la statue en bois, qui domine tout le bazar.


Après cette petite séance photo, il faut songer à redescendre, le soleil est à présent couché et la nuit et le froid se pointent à grands pas. Je redescends en vitesse, terminant le dernier tiers à la lampe de poche et je rejoins la voiture.
De retour au camping, je souffle un peu. J'avais prévu de manger un truc rapide et d'aller me coucher, mais à 19h, c'est pas évident. Et comme je n'ai ni l'envie de manger des pâtes instantanées, ni celle de poireauter deux heures dans un camping totalement désert sans électricité ni chauffage, je décide que merde, je peux bien me faire un resto pour marquer le coup. Je sors le GPS, le restaurant le plus près est une pizzeria, ... à 27km de là. Il y a bien un village pas très loin du camping, mais c'est à peine si on y trouve une supérette. Qu'importe, ça me fera passer le temps. Je ne me souviens plus du nom du resto, ni du patelin, mais c'était loin d'être mauvais.
Je rentre finalement au camp pour passer une seconde mauvaise nuit dans la tente ; ça caille toujours autant.

Jour 3


Ayant épuisé mon stock de randos pour le week-end, cette journée ne sera consacrée qu'au retour. Le GPS indique environ 6h30 de route, mais je vais prendre mon temps et longer le Saint-Laurent. Le temps est au beau fixe, donc c'est l'occasion d'aller (re)visiter la région de Charlevoix.

Eh bien effectivement, c'est magnifique, un mélange de villages côtiers, de forêts, de collines, ... Je m'arrête une fois de plus toutes les demi-heures pour une séance photo improvisée.



(Oui oui, l'horizon là c'est l'autre côté du Saint-Laurent, il est pas mal large à certains endroits)


Protip : Toujours retirer son filtre polarisant quand on fait des photos panoramiques...

Quasiment 50% des Québecois portent le nom de "Tremblay", 40% "Bouchard" et les autres se partagent les 10% restants. (Ok j'ai menti)


Arrivé au niveau de Québec, je me rends compte que le soleil se couche pile sur la ville et qu'il serait intéressant de faire un dernier cliché avant le retour à Montréal. Je décide de passer faire un tour en speed sur l'île d'Orléans, accessible rapidement en voiture. Je cherche un point de vue intéressant mais la vue sur Québec n'est pas évidente. Je finis cependant par trouver un spot acceptable à l'extrémité de l'île qui me permet de shooter une ultime photo qui vient clôturer le périple.